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21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 07:55

 

Alors que la commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale bat son plein, il est temps de convoquer à la barre le grand absent des festivités : le souverainisme.

Le souverainisme est cette idéologie à laquelle la France a tant contribué et qui place au sommet du droit la toute puissance de l’Etat-nation.

C’est cette idéologie tragique qui fut à l’origine des pires drames de l’humanité et notamment des tragédies totalitaires du vingtième siècle. Les Etats-nations sont ces monstres froids qui s’affrontent superbement, au nom de leur impérialisme, quand bien même invoqueraient-ils souvent une justification idéologique.

Le roi peut tout faire, affirmait Bodin en son siècle. Il peut même, si bon lui semble, changer la langue de ses sujets ajoutait-il,  comme pour mieux souligner son propos.  Le penseur avait raison. N’est-ce pas ce que l’Etat Français a accompli en Bretagne ? Il poursuit même son œuvre en mettant à mort nos langues au couvert d’une pseudo-décentralisation et d’une politique linguistique dérisoire.

Alors regardons les choses en face. Qui est le grand responsable de la grande boucherie de 14-18 ? Pas plus la France que l’Allemagne. Mais le souverainisme et la volonté de toute puissance de l’Etat nation assurément, qu’il soit français ou allemand.

De cela, nul n’en parlera jamais car nous ployons toujours sous son joug. C’est le souverainisme et son fils naturel -le principe d’unicité du peuple français- qui assassinent nos langues, et contribuent plus que jamais au pourrissement de territoires exploités par les grandes puissances, gangrénés par la violence et le trafic d’armes. Tiens ! J’entends la presse se féliciter de l’excellence française en matière d’exportation d’armement, avec 7 milliards d’euro cette année.

Surtout, c’est le souverainisme qui contribue au dérèglement climatique et à l’impossibilité d’inverser la tendance. Sans délégation de souveraineté au niveau international, jamais nous ne pourrons soigner les grands maux de l’humanité  -climat , migrations et les inévitables tensions-  qui la conduisent  à sa perte.  Mais les Etats-nations ne veulent pas l’entendre.  Pourquoi un Etat-nation se risquerait-il à faire les sacrifices qui s’imposent alors que son voisin n’en fera rien ? L’écologie est plus souvent un étendart dressé pour des raisons d’image qu’une réelle préoccupation. Un vecteur d’influence, comme le sont depuis si longtemps les droits de l’homme.

Alors qui est le vrai vainqueur de la première guerre mondiale ? Les poilus ? Certainement pas. Ils en sont les premières victimes, des sacrifiés au nom de la toute puissance de l’Etat nation. Rien que de la chair et des âmes broyées. Le maréchal Pétain ? Laissons-le reposer en paix. Il ne mérite même plus d’être objet de polémique.

Le vrai vainqueur, c’est le souverainisme. Car le pire dans cette histoire tragique, c’est que le massacre de centaines de milliers d’hommes en son nom, vient offrir à l’Etat-nation la meilleure légitimité possible, celle du sang. Comment imaginer qu’un tel sacrifice n’eût pas été accompli au nom de la plus juste des causes ? Impensable.  La guerre mondiale broie toutes les résistances intérieures au nom d’une volonté unique de puissance. Elle a porté un coup terrible à nos langues et cultures minoritaires, à notre démographie. Mais elle vient encore renforcer le premier responsable de la grande boucherie, le souverainisme dans sa version jacobine.

Le souverainisme se repaît toujours de la chair de ses victimes.  Le sacrifice de ces dernières lui offre même la légitimité pour commettre de nouveaux forfaits et générer d’autres victimes. Je ne me souviens plus qui de René Coty ou de Guy Mollet confortait la répression en Algérie au nom des sacrifiés de Verdun. « Lâcher l’Algérie ? Vous n’y pensez pas ?  Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver là ! »

La première victime du souverainisme, c’est l’humanité. Combien de millions de morts en son nom, dans les conflits entre Etats mais encore surtout bien à l’abris des frontières ? A présent, c’est dans son existence même que l’humanité se trouve menacée.

Mais qu’importe, après tout.  Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver-là !!!

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