Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 novembre 2018 4 29 /11 /novembre /2018 07:49
Cent mille signatures : place au peuple à présent :

 

Tout d’abord, un grand coup de chapeau à Bretagne réunie et à tous ses militants.

Inlassablement, sans faire de bruit, ils ont effectué un travail de fourmis auprès de la population de Loire atlantique, preuve du sérieux de l’association mais encore du cœur breton de ce département, malgré une propagande publique de tous les instants.

Et maintenant ? Il faut prendre la mesure de la situation actuelle. Bretagne réunie a d’ores et déjà donné une grande leçon de démocratie à tous les partisans d’un système qui ne souhaite pour rien au monde une bretagne forte et réunifiée. Mais prenons garde !  Il arrive que la démocratie soit un piège pour ceux qui en suivent les règles , surtout lorsque les dés sont pipés.

Souvenons-nous de la pseudo réforme territoriale de 2013/2014 où les militants bretons ont écrit, manifesté en nombre, espéré fortement. Pour quel résultat ? Un accord entre les élus socialistes  sur leur dos, pour maintenir le statu quo .  A l’époque, je me souviens avoir milité, avec quelques camarades, en faveur d’une véritable pression populaire afin de faire comprendre au Pouvoir qu’il était temps d’entendre les Bretons. Cette pression populaire n’a pas été suffisante. On ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes

Quatre ans plus tard, la situation est devenue encore plus complexe en raison du droit de véto généreusement accordé à la région des pays de la Loire, par la même pseudo réforme.

Mais la réussite de la pétition a fait renaître l’espoir. Il sera difficile de balayer d’un revers de main un tel raz de marée populaire, surtout si toute la Bretagne s’en empare.

J’espère que le Président du conseil départemental de Loire atlantique, Mr Grosvalet, a bien conscience que le peuple n’accepterait pas de se retrouver floué  une seconde fois.

Pour gagner la partie,  c’est toute la bretagne qui doit s’emparer de ce travail remarquable , s’exprimer d’une seule voix pour que la procédure aboutisse, que la région des pays de la loire soit d’accord ou non.

Si comme on l’espère, la consultation populaire a lieu bientôt, en loire atlantique comme en B4, la campagne devra bénéficier de toute l’énergie d’un peuple uni et résolument tourné vers l’avenir. Dans cette campagne, chacun devra trouver sa place. Il est de la responsabilité de bretagne réunie d’œuvrer au rassemblement le plus large.

Par cette dynamique unitaire, le peuple breton devra trouver le ressort de s’adresser directement au plus au haut niveau de l’Etat pour obtenir enfin la réparation historique et cette promesse d’avenir que nous attendons tous.

Il ne faudra pas laisser le droit de véto des pays de la  Loire tuer la démocratie, mais exiger de l’Etat qu’il se conforme à la volonté des Bretons. Ce que la loi a fait, une loi peut le défaire. Le véto de la région des pays de la loire ne sera pas acceptable. Place au peuple, à présent. C’est à lui qu’il revient d’agir pour ne plus laisser les élus faire leur petite cuisine entre eux, en regardant toujours vers Paris. 

La réunification administrative de la Bretagne est le meilleur moyen de relancer la régionalisation et d’équilibrer le territoire français, au moment même où l’actualité nous aide à penser la fracture territoriale et la relégation progressive de notre périphérie. 

Il ne faudra pas regarder passer le train de l’histoire, mais trouver la force de grimper dedans.

Partager cet article
Repost0
22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 13:48
Rohingyas, Ouïghours et Bretons : trois modèles d’éradication des minorités nationales.

 

L’exemple de la répression des Ouïghours , en Chine  - Etat du Xinjiang-  nous démontre que l’Etat nation souverain, qui repose sur l’adéquation parfaite entre un Etat, une nation et souvent une idéologie emploiera toujours la marge de manœuvre dont il dispose pour détruire une minorité.

C’est dans ses gênes, si l’on peut dire, car il repose précisément sur cette adéquation aux accents totalitaires, peu importent les principes sur lesquels repose ce régime, qu’il s’agisse du communisme, de la République ou du primat allégué des droits de l’homme.

Il existe plusieurs manières de réduire une minorité :

- L’expulsion brutale en dehors du corps national, que subissent les Rohingyas,  est obtenue  dans une dynamique de type génocidaire classique , par l’exode provoqué par le meurtre ou le viol organisé.  On découvre avec horreur que la religion la plus pacifique, le Bouddhisme, est impuissante à conjurer de tels maux. Pire encore, elle est invoquée au soutien de la dynamique génocidaire par les moines comme le « vénérable maître W. ». Ce type de comportement est le lot d’Etats en guerre, qui évoluent de manière autarcique ou cultivent une forme de pouvoir autoritaire. Mais ces Etats n’en restent pas moins soumis aux pressions politiques externes, pour peu que la communauté internationale s’en donne les moyens.   

 

La méthode chinoise diffère par les moyens mis en œuvre pour réduire une minorité, mais n’en est pas moins efficace. La société totalitaire pratique l’enfermement des minorités à des fins d’endoctrinement et ne rechigne pas à employer des moyens colossaux. L’enfermement d’un million d’Ouïghours à des fins de déradicalisation ou de rééducation nous plonge dans les pratiques totalitaires du siècle passé. Et malgré l’objectif anti-terroriste allégué et une mortalité sans doute inférieure à celle qui sévissait au goulag sibérien , la pratique a de quoi faire frémir, d’autant qu’elle s’accompagne d’une mise au pas des élites susceptible de défendre les fondamentaux de l’identité ouïghour. Les tribunaux ont la peine de mort facile pour les élites suspectes de séparatisme.

On remarquera que la presse en parle et accomplit son devoir d’alerte. Le silence des grands Etats démocratiques, dont la France, en devient d’autant plus étourdissant. Il serait inefficace de vouloir faire la leçon à la Chine ?  Le poids de la Chine dans la géopolitique et les échanges internationaux rendrait problématique toute réaction ? On pourrait le concevoir, sauf que le silence sur les pires exactions corrompt celui qui nie ses propres valeurs et devient complice de l’infracteur. Car s’il est un responsable direct de l’atteinte manifeste aux droits de l’homme, d’autres endossent une responsabilité non moins forte en laissant faire, lorsque leur simple parole eût été de nature à améliorer le sort des victimes.

Les grandes « démocraties » pourraient même s’accorder sur des mesures de rétorsion. Un Etat comme la Chine qui recherche l’hégémonie par le commerce international ne le souffrirait pas longtemps.  Mais nos « démocraties » sont si faibles que le simple fait de recevoir le dalaï-lama prête à d’inlassables discussions.

Le silence de La France recèle encore une explication cachée. La France n’aime pas les minorités et pratique sans doute la méthode la plus efficace pour les réduire. Il n’est pas de minorités en France, nous dit-on. Force est de constater qu’ il n’est pas de minorités nationales qui s’exprime vraiment en tant que telle. Ou lorsqu’elles s’expriment, elles sont rendues inaudibles.

La méthode française réside dans l’étouffement progressif des minorités sous la chappe de plomb d’une sphère publique omniprésente et hypercentralisée. Il revient à celle-ci de diffuser les fondamentaux d’une identité mono-culturelle et de valeurs libératrices adossées à la langue officielle et de les inculquer aux enfants  qui n’ont aucune connaissance de leur histoire singulière. Les minorités nationales sont reléguées dans une sorte de non être, dans les périphéries lointaines et souffrent d’un discrédit profond.

Loin d’améliorer le sort des minorités nationales,  la décentralisation ou ce qui en tient lieu, vient offrir un vernis démocratique à un système qui concentre tous les pouvoirs entre les mains de la technostructure parisienne.

Au sein du système France, il n’est besoin de détruire les élites des minorités nationales car elles sont d’ores et déjà incorporées dans le système et adhèrent à ses valeurs. Il ne tient qu’ à les laisser parachever l’œuvre de destruction progressive de la minorité, en apportant leur légitimité à l’inaction publique.

La politique linguistique menée par le conseil régional de bretagne (moins de 1% du budget au demeurant dérisoire de la région, 3% des élèves bénéficiant d’un apprentissage de la langue bretonne) est une non-politique qui ne sert qu’à donner le change. A droits et moyens constants, la langue bretonne est condamnée. Le bénéfice pour l’Etat nation est de premier plan car ce sont les Bretons eux-mêmes, via leurs élus, qui prennent en charge l’éradication progressive de leur langue, sur le mode du laisser faire.  

Bien sûr l’idéologie de l’unicité française a sa part de responsabilité. Mais en faisant comme si on allait sauver la langue, avec d’aussi pauvres actions, sans jamais mettre en place un rapport de force politique avec l’Etat, nos élus bretons sont devenus les premiers responsables de l’éradication progressive du fait identitaire breton. La sagesse leur commanderait de taper du poing sur la table et de démissionner en ouvrant au besoin une crise politique, ne serait-ce que pour ne plus être complice, mais ce n’est pas dans leur nature.

L’inaction de nos élus bretons est d’autant plus affligeante que d’autres minorités nationales  -basque ou corse- se débrouillent beaucoup mieux et affichent des résultats enviables en matière d’enseignement de leur langue, au sein du même système national.

Ici la communauté internationale risque d’autant moins de s’alarmer que les Bretons eux-mêmes ne s’alarment plus ou si peu. Leurs élites sont acquises au système.

 Yvon Ollivier

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 13:30

 

Il est rare que les nouvelles soient bonnes pour la Bretagne, ces temps-ci. Les fondamentaux de notre identité reculent imperturbablement, et c’est encore plus vrai depuis la réforme territoriale avortée de 2014-2015. La Bretagne décroche, les fractures se creusent entre l’Est et l’Ouest, les métropoles et le reste du territoire. Le rejet de la réunification de la Bretagne nous offre un avenir de second rang, miné par des déséquilibres qui s’accroissent et l’incapacité de défendre nos intérêts face à Paris.

 A la demande d’une vingtaine de députés bretons, inquiets à juste titre pour le devenir de la Bretagne, le chef de l’Etat est venu nous offrir des mots, en échange de l’acceptation de la pénurie au profit d’un système toujours plus centralisateur et replié sur les intérêts Parisiens. Satisfaits d’être au cœur de la fête, nos élus ont applaudi, par habitude, alors même que le Président  leur signifiait l’abandon de la réunification, outre la construction d’une route nationale dont les travaux ont commencé il  y a quarante ans…  Pour ma part, j’ai eu honte ! Plus que jamais, nous sommes en train de payer la corde qui nous pend.

 Des transferts de compétence ? Un laboratoire d’expérimentation ? Mais on en parle depuis combien d’années ? Le droit à l’expérimentation figure même dans la Constitution et rien ne fonctionne car Paris refuse de transférer les compétences qui lui assurent une domination sans partage. Paris accepterait-il de transférer la compétence régalienne de l’éducation nationale pour nous permettre d’enseigner nos langues et notre histoire à nos enfants ? Alors nous changerions de système. Mais je n’y crois pas une seule seconde. Aux dernières nouvelles, nos élus du conseil régional ne songent même pas à le demander.  Dans ces conditions, jamais nous ne sauverons nos langues qui n’ont aucun avenir avec l’administration parisienne. Tout le reste n’est que verbiage.

C’est l’un des thèmes majeurs de mon dernier ouvrage : « Playdoyer pour nos communautés »*1 qui vient de sortir. Notre problème n’est pas le système jacobin. Notre problème est en nous. Il ne tient qu’à notre incroyable propension à accepter l’inacceptable, comme si, en tant que vieux peuple dominé, nous avions fini par incorporer le gène de la soumission.

Et pourtant, des lueurs d’espoir : nos jeunes. En rendant leur copie en langue bretonne, au mépris de l’administration, nos lycéens et collégiens de Diwan nous ont montré la voie. Les libertés, et surtout celles qui touchent à nos langues, ne sont pas négociables. Nos libertés fondamentales d’être humain, comme le droit de s’exprimer dans notre langue, sont des libertés qui se prennent. Pour une raison simple mais incontournable : notre dignité.

Celui qui renonce à sa dignité a déjà tout perdu. Il ne mérite plus rien. Et « notre dignité, c’est nos langues » écrivis-je récemment en préface d’un remarquable ouvrage à paraitre écrit par jean luc Laquittant *2. Notre dignité d’être humain, c’est encore le droit d’être reconnu pour ce que l’on est, nous,  Bretons de Loire-atlantique. 

La dignité, c’est aussi le droit d’être appelé par son nom, dans sa propre langue. Tant de nos anciens se sont battus pour cette dignité, à leur manière, que nous n’avons pas le droit de faillir, avec la conscience bretonne qui est aujourd’hui la nôtre et les informations dont nous disposons sur les droits internationaux protecteurs.

Le système que nous affrontons est d’une logique implacable. Il ne songe qu’à se maintenir et repose largement sur notre complicité car ce sont souvent des Bretons qui sont chargés des basses œuvres.

Le système se nourrit de notre compromission mais surtout de notre esprit de servitude. Relevons la tête, et il s’effondre. Il suffit de dire non ! il suffit de ne pas applaudir et le problème breton se pose. Il suffit de ne pas applaudir pour que ceux qui cautionnent le système s’interrogent.

Il nous suffit de dire non, et le pouvoir est contraint de réagir. Alors, c’est l’humanité qui triomphe et la possibilité d’une véritable unité entre les hommes. Une unité fondée sur un rapport de justice et non plus sur l’arbitraire de l’administration et la domination séculaire.

Il ne compte que sur une seule chose, le pouvoir, l’inépuisable force d’obéissance du peuple breton, jusqu’au jour où ce dernier aura perdu toute consistance.

Nos jeunes nous ont montré la voie. Ils ont compris ce qu’ignorent nos élus. On ne transige pas avec sa dignité. A ce prix-là seulement, il y aura encore des Bretons au siècle prochain. Un vent nouveau est en train de se lever.

*1    « Playdoyer pour nos communautés »  Y Ollivier  ed Yoran embanner 2018

* 2   « L’histoire des Bretagnes vu par leurs langues »  Jl Laquittant   ouvrage à paraître

 

Partager cet article
Repost0
21 novembre 2018 3 21 /11 /novembre /2018 07:55

 

Alors que la commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale bat son plein, il est temps de convoquer à la barre le grand absent des festivités : le souverainisme.

Le souverainisme est cette idéologie à laquelle la France a tant contribué et qui place au sommet du droit la toute puissance de l’Etat-nation.

C’est cette idéologie tragique qui fut à l’origine des pires drames de l’humanité et notamment des tragédies totalitaires du vingtième siècle. Les Etats-nations sont ces monstres froids qui s’affrontent superbement, au nom de leur impérialisme, quand bien même invoqueraient-ils souvent une justification idéologique.

Le roi peut tout faire, affirmait Bodin en son siècle. Il peut même, si bon lui semble, changer la langue de ses sujets ajoutait-il,  comme pour mieux souligner son propos.  Le penseur avait raison. N’est-ce pas ce que l’Etat Français a accompli en Bretagne ? Il poursuit même son œuvre en mettant à mort nos langues au couvert d’une pseudo-décentralisation et d’une politique linguistique dérisoire.

Alors regardons les choses en face. Qui est le grand responsable de la grande boucherie de 14-18 ? Pas plus la France que l’Allemagne. Mais le souverainisme et la volonté de toute puissance de l’Etat nation assurément, qu’il soit français ou allemand.

De cela, nul n’en parlera jamais car nous ployons toujours sous son joug. C’est le souverainisme et son fils naturel -le principe d’unicité du peuple français- qui assassinent nos langues, et contribuent plus que jamais au pourrissement de territoires exploités par les grandes puissances, gangrénés par la violence et le trafic d’armes. Tiens ! J’entends la presse se féliciter de l’excellence française en matière d’exportation d’armement, avec 7 milliards d’euro cette année.

Surtout, c’est le souverainisme qui contribue au dérèglement climatique et à l’impossibilité d’inverser la tendance. Sans délégation de souveraineté au niveau international, jamais nous ne pourrons soigner les grands maux de l’humanité  -climat , migrations et les inévitables tensions-  qui la conduisent  à sa perte.  Mais les Etats-nations ne veulent pas l’entendre.  Pourquoi un Etat-nation se risquerait-il à faire les sacrifices qui s’imposent alors que son voisin n’en fera rien ? L’écologie est plus souvent un étendart dressé pour des raisons d’image qu’une réelle préoccupation. Un vecteur d’influence, comme le sont depuis si longtemps les droits de l’homme.

Alors qui est le vrai vainqueur de la première guerre mondiale ? Les poilus ? Certainement pas. Ils en sont les premières victimes, des sacrifiés au nom de la toute puissance de l’Etat nation. Rien que de la chair et des âmes broyées. Le maréchal Pétain ? Laissons-le reposer en paix. Il ne mérite même plus d’être objet de polémique.

Le vrai vainqueur, c’est le souverainisme. Car le pire dans cette histoire tragique, c’est que le massacre de centaines de milliers d’hommes en son nom, vient offrir à l’Etat-nation la meilleure légitimité possible, celle du sang. Comment imaginer qu’un tel sacrifice n’eût pas été accompli au nom de la plus juste des causes ? Impensable.  La guerre mondiale broie toutes les résistances intérieures au nom d’une volonté unique de puissance. Elle a porté un coup terrible à nos langues et cultures minoritaires, à notre démographie. Mais elle vient encore renforcer le premier responsable de la grande boucherie, le souverainisme dans sa version jacobine.

Le souverainisme se repaît toujours de la chair de ses victimes.  Le sacrifice de ces dernières lui offre même la légitimité pour commettre de nouveaux forfaits et générer d’autres victimes. Je ne me souviens plus qui de René Coty ou de Guy Mollet confortait la répression en Algérie au nom des sacrifiés de Verdun. « Lâcher l’Algérie ? Vous n’y pensez pas ?  Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver là ! »

La première victime du souverainisme, c’est l’humanité. Combien de millions de morts en son nom, dans les conflits entre Etats mais encore surtout bien à l’abris des frontières ? A présent, c’est dans son existence même que l’humanité se trouve menacée.

Mais qu’importe, après tout.  Nous n’avons pas fait Verdun pour en arriver-là !!!

Partager cet article
Repost0
8 avril 2017 6 08 /04 /avril /2017 22:26

https://www.alternantesfm.net/emissions/bouquins-bretagne-invite-yvon-ollivier-avril-2017/

Partager cet article
Repost0
21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 12:46
Partager cet article
Repost0
10 février 2017 5 10 /02 /février /2017 19:25
Partager cet article
Repost0
1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 17:47
Partager cet article
Repost0
18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 07:10

Alors que vont se tenir les " Rencontres régionales de la langue bretonne " (1) de la région Bretagne, je ne peux manquer de livrer ici certaines interrogations.
Nous sommes nombreux à penser que la politique linguistique est sans doute la plus importante des politiques menées par la région. Elle est capitale pour la communauté humaine que nous formons.

Nous ne cessons de nous demander pourquoi l'enseignement de la langue bretonne ne décolle pas, lorsque le corse, l'alsacien et le basque connaissent un renouveau (voir communiqué de presse récent de Breizh Impacte : (voir ABP 41009) ).
Le constat brutal des chiffres suscite des questionnements légitimes.
Faut-il incriminer un manque de volonté politique de la part de la majorité socialiste qui gouverne la région comme nos métropoles bretonnes ? On sait qu'il n'y a plus grand-chose qui les différencie de leurs camarades de Paris et des autres grandes cités. Nos langues ne relèvent souvent pour eux que du plat verbiage de la diversité culturelle.

La convention spécifique sur les langues de Bretagne pourtant suscitée par une révolte populaire plaide en faveur d'un manque d'ambition politique. A dire vrai, on n'a pas le sentiment que, malgré leur poids politique que l'on dit au plus haut, nos responsables bretons exercent une forte pression sur Paris et les épaules de M. le recteur d'académie. Je ne me souviens pas avoir lu ou entendu des discours percutants en la matière. Faut-il s'étonner si nos professeurs de breton ont le blues ou se retrouvent dans l'académie de Versailles ?

Faut-il incriminer le cadre juridico-politique de l'unicité du peuple français et les entraves juridiques et psychologiques inhérentes au système France et à l'éducation nationale ? Certes, mais à ce compte-là, on ne comprend plus pourquoi ailleurs ça progresse alors que nous connaissons un certain marasme…

Ce marasme convient-il, au fond, à ceux qui nous dirigent ? Il est parfois des moments où l'on suspecte une forme de duplicité, laissant le soin à certains membres de la majorité, étiquetés breton, de se pâmer devant les beaux concepts d'altérité ou de diversité et de déplorer les blocages institutionnels, pour masquer l'absence de volontarisme politique de la région. Il est toujours commode de jeter la pierre dans le champ du voisin.
La situation actuelle est peut-être la pire qui soit. Aux uns de s'en prendre à l'État, aux autres de retourner la patate chaude du côté des Bretons et des parents qui n'en feraient pas assez et se désintéresseraient de leur langue.
Pour étouffer une langue, il n'est rien de mieux que de rendre les victimes responsables de son dépérissement. Et si la décentralisation à la française était la ruse la plus perfide du jacobinisme, en apportant la caution démocratique des élus locaux aux phénomènes de dépérissement des langues et cultures minoritaires ?

 

Loin de moi l'idée de minimiser les blocages institutionnels qui sont réels. J'irais même jusqu'à reconnaître le droit à l'erreur dans la conduite d'une politique publique.
On peut fort bien se tromper. Fallait-il mettre à l'écart les parents d'élève au profit exclusif de l'Office de la langue bretonne, lequel fonctionne comme toute administration publique sur mode vertical descendant ?
Fallait-il mettre un terme à l'expérimentation du multilinguisme qui donnait l'assurance aux parents d'élève d'un haut niveau d'apprentissage de l'anglais, avec le breton en prime ? Il est permis d'en discuter.

 

Tout ce qui m'importe, aujourd'hui, c'est de rappeler que lorsqu'une politique est en échec ou ne donne pas les résultats escomptés, et bien on l'évalue, humblement. Si la politique linguistique nous tient à cœur, il ne s'agit jamais que d'une politique publique parmi les autres.
Il y a des chercheurs en science sociale dont l'évaluation des politiques publiques est la spécialité.

Il est même pertinent d'associer des tiers au processus d'évaluation, car nous savons par expérience, que celui qui définit et met en œuvre une politique n'est pas le mieux placé pour l'évaluer. Cette évaluation contradictoire de la politique linguistique de la région Bretagne était l'une des demandes formulées par la délégation de " Breizh Impacte " en juin dernier. Le refus essuyé à cette occasion révèle une fois de plus combien il est difficile aux responsables politiques de s'interroger sur le bien fondé de ce qu'ils entreprennent, que nous soyons en période d'élection ou pas. Une personne publique ne peut mal faire.
La plus grande erreur de la région Bretagne est le refus d'affronter en face une politique qui dysfonctionne pour privilégier des exercices de communication devant les associations subventionnées.

Je ne crois pas me tromper en affirmant que les Bretonnes et les Bretons en ont assez des belles paroles et ne souhaitent qu'une chose en la matière, savoir pourquoi ça ne marche pas comme il le faudrait et quelles sont les décisions à prendre d'urgence pour que leur langue ne finisse pas dans les poubelles de l'histoire.


Yvon Ollivier, juriste, auteur

Partager cet article
Repost0
7 août 2015 5 07 /08 /août /2015 22:16

Au-delà de la souffrance qu’elle génère, la crise récurrente de l’agriculture et plus généralement d’une grande partie de l’économie bretonne appelle les réflexions suivantes. Cette crise économique est avant tout d’ordre structurel. Elle résulte largement de la discordance entre le fondement libéral et communautaire de libre circulation des marchandises, renforcé par la monnaie unique, et les distorsions de concurrence générées par l’absence d’harmonisation fiscale et sociale sur le territoire de l’Union européenne. Notre économie bretonne souffre des pesanteurs inhérentes à la sur-fiscalité française comme à la législation sociale plus avantageuse qu’ailleurs. La réglementation en vigueur, dans sa complexité, est une entrave permanente au développement de nos territoires.

Au final, la libre concurrence proclamée se retrouve biaisée dans son application.

Et les perspectives s’avèrent plutôt sombres car on s’évertue à traiter un problème structurel par des mesures conjoncturelles, destinées à gagner du temps.

L’harmonisation fiscale et sociale au sein de l’Union européenne est une nécessité vitale pour la Bretagne. Mais comment la France menacée par la sclérose et l’hypertrophie de sa sphère publique abaisserait-elle durablement les charges pour les mettre au niveau de nos principaux concurrents ? Comment saurait-elle aménager la législation sociale lorsqu’elle ne cesse d’exalter le besoin de protection ?

La Bretagne est désormais confrontée à un implacable processus d’étouffement de son économie, en raison d’un cadre juridique inadapté à ses particularités comme à ses innombrables atouts, au grand bénéfice d’autres territoires de l’Union européenne.

Mais n’est-ce pas d’un processus d’étouffement comparable dont pâtissent la culture et la langue bretonne ?

Là aussi, nous subissons la même discordance entre le principe républicain d’égalité et sa déclinaison linguistique et culturelle, à savoir l’inégalité des langues et des cultures au nom de l’unicité proclamée du peuple français..

A la langue française, le monopole de l’usage au sein d’une large sphère publique, aux autres langues un statut secondaire, au sein de la sphère privée. Une réduction patrimoniale et négatrice de droits que devrait encore accentuer l’éventuelle ratification de la charte des langues régionales. La réserve introduite en l’état dans le texte qui devrait être soumis au Congrès subordonne la charte des langues régionales au principe de l’unicité française, lequel la réduit au néant comme vient de le souligner justement le Conseil d’Etat dans son avis.

Ayons la force d’affronter la vérité. Pour des raisons historiques, la République ne veut pas de nos langues. Celles-ci sont condamnées à l’étouffement progressif en raison d’un cadre juridique discriminant. Pour masquer cette réalité peu engageante, nous entendons de beaux discours sur les bienfaits de la diversité et de l’égale dignité de langues et de cultures que l’ensemble de l’appareil juridico-politique s’emploie à évacuer de l’espace public et visible..

L’égale dignité de nos langues et cultures régionales passe par l’égal accès à la sphère publique sur leur territoire naturel. Leur survie dépend avant tout de l’égalité retrouvée et de la dignité qu’elle confère. .

La plupart des maux que nous déplorons sont d’ordre structurel et résultent d’une discordance entre des principes fondateurs et le refus de suivre leur cours. Mais nos grands élus ne veulent surtout pas toucher aux structures. Ils se complaisent au sein de cadres discriminants lorsque le salut de la Bretagne passe par leur modification.

Pour que la Bretagne ait un avenir et valorise ses innombrables atouts, il faudra d’abord sortir de la connivence…

Souhaitons que ce débat, à l’importance vitale pour la Bretagne, soit au cœur des prochaines élections régionales.

Partager cet article
Repost0